Belgique : « Le Vatican cible à nouveau l'UCL » Les chercheurs de l'UCL et de la KUL invités à s'expliquer sur leurs pratiques bioéthiques.

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Nous n'arrêterons jamais ! Quelles que soient les menaces de l'Eglise »... La détermination des chercheurs de l'Université catholique de Louvain (UCL) reste sans failles, alors que monte la pression vaticane à l'égard des pratiques bioéthiques jugées indignes d'une institution « catholique ». 
Fait sans précédent, les spécialistes de la fécondation in vitro et des cellules souches, à l'UCL (cliniques Saint-Luc) et à la KUL, viennent d'être invités à s'expliquer sur leur pratique, au Vatican... « Ce n'était qu'une réunion de travail entre experts, avec des interlocuteurs désignés par le Vatican, mais sans enjeu décisif », nous confie une source romaine. 

« Certes, réplique un chercheur, mais nous savons que d'autres réunions vont suivre et qu'il est plus que probable que la pression va s'accentuer. » Du côté des autorités de l'UCL, on tempère : « Il ne s'agissait que d'un entretien privé entre experts, à l'initiative de l'épiscopat et du Vatican... C'est une prise d'information dans le cadre d'un dialogue que nous n'avons pas à refuser. Cela dit, notre position est connue de longue date. Elle est claire, prudente et mesurée. » 

L'UCL, les cliniques Saint-Luc et Mont-Godinne se sont effectivement prononcées, dès le 7 octobre 2002, en faveur du clonage thérapeutique sous conditions, défiant la position officielle de l'Eglise catholique, catégoriquement opposée à l'interruption de grossesse et à toute forme de fécondation in vitro (double interdit qui rend indisponible les cellules souches embryonnaires nécessaires au clonage thérapeutique). Membre du pouvoir organisateur de l'UCL, l'évêque André-Mutien Léonard avait été le premier à réagir, le 27 novembre 2002 : « Quel geste prophétique si une université authentiquement catholique ou humaniste renonçait à la procréation artificielle et promouvait plutôt la recherche en vue de prévenir la stérilité ! Quel sens du progrès scientifique et moral si une telle université renonçait à l'exploitation des cellules souches embryonnaires et au clonage thérapeutique. » 
L'incitation épiscopale se révélant sans effet, le pape Jean-Paul II devait y ajouter la menace, le 5 décembre 2002 : « Les centres universitaires qui portent le nom de catholique se doivent de respecter les lois de l'Eglise et le Magistère, notamment en matière de bioéthique (...). Il est clair que les centres universitaires qui ne respectent pas les lois de l'Eglise et l'enseignement du Magistère, notamment en matière de bioéthique, ne peuvent pas se prévaloir du caractère d'université catholique. » Contexte plus controversé Une menace restée, elle aussi, sans effet. Cinq ans plus tard, le Vatican, sous l'autorité de Benoît XVI, revient à la charge... 
Dans un contexte plus controversé encore qu'en 2002, puisqu'entre-temps, l'UCL a intensifié le recours aux pratiques « hérétiques », comme le don d'ovocyte ou le diagnostic pré-implantatoire (analyse des chromosomes afin de sélectionner les embryons sains qui seront réimplantés, ce qui permet aux parents porteurs d'anomalies géniques ou chromosomiques d'avoir des enfants sains, de leur éviter le risque de malformations fatales ou de maladies génétiques). Les chercheurs ne sont guère disposés à y renoncer. 
Quitte à y perdre leur label « catholique ». www.lesoir.be RICARDO GUTIERREZ

 

 

 

 

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